Le terrorisme du Foodcost

 In Les Coups de gueule de Jean Kircher

Quelle avancée pour l’esprit humain ! Quelle prouesse de l’intelligence !

Vous rendez-vous compte ? Des êtres supérieurement supérieurs ont inventé cette règle absolue :

« Si j’arrive à produire moins cher, je m’enrichis et je gagne des parts de marché. »

C’est génial non ?

Ces fabuleux entrepreneurs n’ont qu’une seule obsession : prendre la place de l’autre !

Ainsi les discounteurs et autres distributeurs n’ont-ils retenu du progrès humain que la partie la plus dégradante et la plus humiliante pour tout ce qui a été soigneusement construit par des générations d’agriculteurs, éleveurs, bouchers, charcutiers, boulangers et autres producteurs d’aliments.

Car bien entendu, je ne parle que de notre alimentation qui, au nom d’on ne sait quelle logique, a bêtement voulu imiter l’industrie (qui elle, a réellement été source de progrès)

Les exemples sont légion :

– Le saumon est passé de poisson sauvage à poisson d’élevage pour finir en immonde produit de la mer bourré d’antibiotiques et vacciné contre la furonculose.

– Le cochon qu’il fallait engraisser pendant 8-9 mois pour arriver à 100 kilos arrive aujourd’hui au même poids en 3mois. En prime, le rapport oméga3/oméga6 de son gras est passé de 1 pour 3 à 1 pour 30.

– Le pain qui selon la tradition boulangère se fabriquait en 1 nuit, peut maintenant se faire en 1 heure avec en prime un indice glycémique qui a doublé et le goût qui s’est fait la malle.

Le foodcost est donc devenu le seul critère de sélection pour les acheteurs, parfois les cuisiniers et presque toujours les F&B (ce dernier maillon indispensable dans les grandes chaînes d’hôtellerie et qui par définition ne connait du produit que le prix et passe son temps à confronter un fournisseur contre l’autre.)

Le foodcost est source de réduction de personnel et donc de licenciement et donc de malheur.

Le foodcost élimine les acteurs des filières pour favoriser la position de monopole de quelques happy few.

Le foodcost tire vers le bas en poussant les producteurs à produire de moins en moins cher, donc en supprimant ou en réduisant ou en remplaçant les matières premières d’origine chères et justes par des ersatz, des copies ou des produits d’importation moins chers et donc de moindre qualité.

Résultat de cette course au foodcost : seuls les plus forts survivent et à force de position de monopole, finissent par fixer les prix, les règles et les normes. Les fromages ont oublié d’être fabriqués avec du lait cru ; les viandes sont issues d’élevages industriels, les fruits mûrissent sur les bateaux ou sont gazés mais ne voient plus le soleil, les légumes poussent en serre….

Le pain bien sûr est un des grands sacrifiés car produit sur des lignes industrielles à marche forcée.

Du coup, le marché est inondé de produits pas chers et de plus en plus déconnectés des réalités des vrais artisans, c’est-à-dire ceux pour qui le métier est une valeur et a encore une signification….

 

 

 

Mecatherm : production industrielle

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Pains & Tradition : production artisanale

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